Réputé pour son dynamisme et son offre concentrée, le marché luxembourgeois a-t-il tenu le cap face au Covid-19? Sébastien Bequet, Country Head chez Cushman & Wakefield, nous donne les chiffres pour le premier trimestre et nous présente les initiatives imaginées en vue de la reprise du travail.
Quel bilan tirez-vous du 1er trimestre?
«Le bilan est positif comparé à l’année passée, qui était excessivement calme. Nous enregistrons une prise en location d’environ 45.000m2 pour le Q1. L’an passé, à la même période, celle-ci était de 18.000m2. Au-delà de l’activité plus intense du marché, la différence s’explique également par la manière de comptabiliser les chiffres qui a évolué. Auparavant, nous partions du principe que le bâtiment devait être livré et occupé pour qu’il y ait une prise en location.
D’un autre côté, nous nous retrouvions parfois avec un énorme décalage entre le moment où le bail était signé et l’occupation effective des locaux, surtout pour les bâtiments construits sur mesure où ce décalage se compte souvent en années.
Ce dont nous avons envie, c’est refléter la dynamique du marché à un moment T et cette dynamique s’inscrit au moment où la société décide de signer un bail et non lorsqu’elle décide d’emménager.
Par conséquent, dans le calcul de la prise en location du premier trimestre, nous avons deux transactions de ‘built-to-suit’ (bâtiment construit selon les spécifications de l’occupant, au contraire d’un bâtiment de promotion) qui viennent gonfler les chiffres, à savoir 9.600m² pour le projet du nouveau siège de Bâloise Assurances à Leudelange et 8.000m² pour le siège en construction d’Arendt Services à Hamm.
Le Covid a-t-il eu un impact sur le marché?
«Le Covid n’a pas eu énormément d’impact sur le premier trimestre dans la mesure où les transactions qui étaient en cours ont été finalisées. Une transaction immobilière est souvent le fruit d’un long processus et elle engage une société sur le long terme. Du coup, pour les transactions moins avancées, on assiste à un sérieux ralentissement, voire au gel de certains projets, mais il y a jusqu’à présent très peu d’annulations.
Les sociétés n’ont pas encore assez de recul pour évaluer comment elles vont devoir adapter leur stratégie immobilière à moyen/long terme. Par ailleurs, nos interlocuteurs ont actuellement d’autres priorités plus axées sur le court terme que la gestion d’un projet immobilier. Nous sentons donc un ralentissement au niveau de l’activité, mais sans avoir aujourd’hui de conclusions sur du moyen ou long terme.
Certaines sociétés sont encore en mode observation alors que d’autres ont démarré des réflexions plus approfondies sur la manière dont elles vont travailler demain. Pour certaines entreprises, le télétravail a été positif et concluant, pour d’autres moins. Une chose est certaine, il va y avoir beaucoup de changements, mais au cas par cas, et chaque société va réagir de manière différente.
Avant le Covid-19, bon nombre de sociétés étaient déjà confrontées à des problématiques impactant l’organisation du travail (bouchons, pénurie de main-d’œuvre qualifiée, différences générationnelles, télétravail des frontaliers, etc.). Les contraintes qui nous ont été imposées par le confinement ne vont faire que renforcer le besoin de beaucoup de sociétés à une remise en question sur leur mode de fonctionnement en termes d’occupation de bureaux.
Le Covid n’a pas eu énormément d’impact sur le premier trimestre dans la mesure où les transactions qui étaient en cours ont été finalisées.
Sébastien Bequet, Country Head, Cushman & Wakefield Luxembourg
A quoi vous attendez-vous pour la reprise?
«D’un côté, la crise actuelle forcera une réorganisation du travail, avec probablement une accentuation du télétravail. Par ailleurs, certaines entreprises pourraient être amenées à des restructurations plus profondes. Ces deux éléments vont impacter la partie occupationnelle des bureaux avec un besoin moins important de surface.
D’un autre côté, cette crise nous amène un nouveau concept qu’est celui de la distanciation sociale. À l’avenir, nous aurons besoin de plus d’espace par employé pour respecter cette distanciation sociale. Il ne s’agit pas seulement de mettre plus d’espace entre chaque poste de travail, mais d’élargir les espaces de circulation, agrandir les salles de réunion et les lieux de rencontre afin d’éviter les contacts trop rapprochés, repenser l’usage d’espaces confinés comme les ascenseurs ou les sanitaires, etc. Cela va avoir un impact non négligeable sur la manière dont les entreprises vont penser leurs bureaux à l’avenir (‘workplace management’).
Quelles initiatives avez-vous mises en place pour aider à retourner au bureau?
«Le premier message est de motiver les gens à revenir au bureau dans un environnement sain et où l’employeur a songé à la sécurité sanitaire avant tout. Pour ce faire, nous avons développé l’initiative Six Feet Office qui est simple et facile à implémenter dans bon nombre d’entreprises à coût réduit.
Par ailleurs, nous avons également développé un Recovery Readiness Guide, un guide pratique pour la réouverture de votre lieu de travail. Ce document d’environ 30 pages a été élaboré à l’intention des propriétaires et des occupants. Il présente aux lecteurs un processus étape par étape sur la manière dont ils peuvent travailler ensemble pour assurer un retour en toute sécurité sur le lieu de travail.
Enfin, en complément de ce guide, nous avons créé une Checklist ‘the safe six’ reprenant les éléments essentiels de la préparation au travail. Ce PDF d’une page résume les points essentiels du guide avec des listes de contrôle simples sur des sujets comme la préparation du bâtiment, la préparation de la main-d’œuvre, le contrôle de l’accès, la création d’un plan de distanciation sociale, la réduction des points de contact, l’augmentation du nettoyage ou encore la communication pour la confiance.